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Affaire du "frigo de Falco": l'ex-maire de Toulon admet une "faute" lors de son procès en appel

Hubert Falco est jugé depuis ce lundi 25 mars en appel dans le cadre de l'affaire du "frigo de Falco". Il a admis une "faute".

Un an après avoir perdu tous ses mandats, l'ex-maire de Toulon Hubert Falco, soutien d'Emmanuel Macron, joue depuis ce lundi 25 mars son avenir politique lors d'un procès en appel pour une affaire de repas et de pressing réglés avec des fonds publics.

"Je crois à la justice de mon pays. J'ai reconnu des infractions que j'ai faites qui doivent correspondre à une peine mais je ne peux pas reconnaître ce que je n'ai pas fait", a commencé l'ex-élu LR rallié au président de la République. Plus tard, il a concédé avoir commis "une faute".

En première instance, le 14 avril 2023, Hubert Falco avait été condamné entre autres à trois ans de prison avec sursis et une inéligibilité de cinq ans pour avoir continué à déjeuner gratuitement durant des années à la cafétéria du conseil départemental du Var, alors qu'il n'en était plus président depuis plus de dix ans et d'avoir profité de repas à domicile et de frais de pressing aux frais du contribuable.

L'affaire a été surnommée du "frigo de Falco" car ses repas étaient stockés dans un réfrigérateur dédié. L'ex-homme fort du Var, 76 ans, avait été démis de ses mandats de maire de Toulon et de président de sa métropole. Lundi, il a reconnu qu'il déjeunait à la cafétéria du département mais seulement "une à deux fois par semaine".

"La dépense publique pour le citoyen est la même" que s'il avait mangé à la mairie, a-t-il plaidé, reconnaissant aujourd'hui "une faute".

Coût estimé à 64.500 euros

Selon les enquêteurs, les repas privés servis même le week-end à Hubert Falco et son épouse, employée du conseil départemental, auraient coûté au moins 64.500 euros au contribuable entre 2015 et 2018.

Comme en première instance, Hubert Falco s'est défendu en soulignant la frugalité de ses repas: "J'affectionne le riz, le jambon, les yaourts et les compotes." Derrière lui, des dizaines de personnes venues le soutenir, dont sa femme et d'anciens collaborateurs, remplissaient les bancs de la salle d'audience. Mais pour le président de la cour d'appel, Alain Vogelweith, le problème n'est pas le contenu de ses assiettes mais "une pratique", sa "régularité".

En critiquant l'enquête et en demandant plusieurs nullités, son avocat Me Thierry Fradet a esquissé une défense similaire au premier procès, reconnaissant que certes les élus ont longtemps été "au-dessus des lois" tout en regrettant cette "tendance en France à répondre à un excès par un autre excès". Il avait estimé, avant son procès, que son client, qui a enchaîné les responsabilités politiques, "joue sa vie" en appel.

L'avocate générale, Régine Roux, a aussi commencé à dessiner son approche du dossier, estimant que "les faits reprochés à Hubert Falco et Marc Giraud (alors président du conseil départemental, NDLR), c'est une organisation, un système".

Sur les bancs des parties civiles, les avocats de l'association Anticor et du syndicat Unsa Territoriaux du Var sont présents. Le conseil départemental du Var ne s'est jamais manifesté dans ce dossier malgré le préjudice subi.

Marc Giraud absent

Marc Giraud, co-prévenu dans cette affaire et proche d'Hubert Falco, était absent à l'audience pour raisons de santé. Il avait lui été condamné en première instance pour détournement de fonds publics, à deux ans d'emprisonnement avec sursis, 15.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité.

Les faits avaient été révélés par un ancien responsable de la cuisine, qui s'est suicidé durant l'enquête, puis confirmés par d'autres. Ces révélations, Hubert Falco a dit lundi les avoir vécues comme une "entreprise de démolition": "Moi je veux bien soutenir le président à Paris mais il ne faut pas que ses troupes en bas me démolissent", visant une ex-députée varoise de la majorité.

La condamnation d'Hubert Falco avait constitué un séisme politique à Toulon, où il se présentait comme un rempart à l'extrême droite, à qui il avait repris la ville en 2001. L'échéance des municipales en 2026 est désormais dans tous les esprits alors que le Rassemblement national a des ambitions fortes dans le Var avec des figures montantes comme Laure Lavalette, porte-parole du groupe RN à l'Assemblée nationale.

A.T. avec AFP