Après 40 ans de recherches, un tableau est attribué au peintre Raphaël grâce à l’intelligence artificielle

Lorsque George Lester Winward a posé les yeux sur la peinture de Brécy Tondo, le collectionneur en est persuadé: l'œuvre, qui n’a pas d’auteur identifié, est celle de Raphaël, célèbre peintre italien de la Renaissance. Il en fait l’acquisition en 1981, convaincu de reconnaître les traits du génie, contemporain de Michel-Ange et Léonard de Vinci. En clair, les similitudes avec La Madone Sixtine sont bien présentes, mais rien ne certifie le tableau comme un Raphaël.

Peu avant sa mort, le collectionneur lègue finalement l'œuvre au fond de Brécy. Avec cette association, George Lester Winward s’assure que le tableau sera en permanence à disposition des chercheurs, détaille Smithsonian Magazine. Le tout avec le rêve de découvrir le véritable artiste de la peinture, même après sa mort.

Une similitude évidente à l'oeil nu

Les universités britanniques de Nottingham et de Bradford ont finalement réussi à percer les secrets du Brécy Tondo. Pour ce faire, les chercheurs universitaires ont eu recours à l’intelligence artificielle. A l’aide d’un outil de reconnaissance faciale, le professeur Hassan Ugail a comparé le tableau avec La Madone Sixtine de Raphaël. Les travaux ont été réalisés en fin d'année 2022 et un article scientifique écrit en décembre sera prochainement publié.

"En regardant les visages à l'œil humain, on constate une similitude évidente, mais l’ordinateur peut voir bien plus profondément que nous, dans des milliers de dimensions, au niveau du pixel", explique le professeur.

"La technologie de la reconnaissance faciale peut être appliquée à des fins très diverses, notamment à l’analyse de l’art et même aux soins de santé", continue Hassan Ugail. L’utiliser de cette manière, pour déterminer la similitude des portraits dans les tableaux, est un autre exemple du vaste potentiel de la vision par ordinateur assistée par l’intelligence artificielle."

Des oeuvres identiques à 97%

Les résultats des comparaisons assistées par ordinateur ont montré que les madones représentées sont similaires à 97%. Les similitudes entre les enfants peints atteignent 86%. Or, deux œuvres sont considérées du même artiste dès lors qu’elles sont semblables à plus de 75%.

"Mes collègues et moi-même avons conclu que des modèles identiques ont été utilisés pour les deux tableaux et qu’ils sont sans aucun doute du même artiste", tranche le professeur Hassan Ugail.

Plus de 40 ans après son achat, la certitude de George Lester Winward a ainsi été confirmée, grâce à l’intelligence artificielle et à la reconnaissance faciale. Reste à savoir si un certificat d'authenticité sera remis au tableau pour attester les conclusions des chercheurs britanniques.