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"Il y a eu négligence": un laboratoire de Saclay accusé de maltraitances répétées envers des singes

L'association a notamment recueilli des rapports d'inspection prouvant des cas de mauvais traitements des primates au sein du laboratoire. Elle a déposé un recours auprès du tribunal administratif de Versailles et lancé une pétition pour demander la fermeture du laboratoire.

Des cages trop petites, des blessures non-soignées, des privations de nourriture... Le laboratoire NeuroSpin de Saclay, en Essonne, est dans le viseur de l'association One Voice, qui l'accuse de maltraitances répétées envers des singes utilisés dans le cadre de recherches sur le cerveau.

L'association de défense des animaux s'est notamment basée sur des rapports d'inspection faisant état des conditions de vie des primates dans les locaux du laboratoire.

"Dans ces documents-là, qui sont produits par la préfecture -donc c'est vraiment des choses factuelles- on a vraiment ces traces, ces descriptions de l'état de santé des singes qui se dégrade, des singes qui sont morts, des singes qui sont encore plus maltraités que ce qui est légal dans l'expérimentation animale", explique l'association à BFM Île-de-France.

Des "dizaines de documents" à l'appui

L'association a rassemblé plusieurs documents pour produire sur son site une véritable enquête mettant en cause le laboratoire, pour des maltraitances commises depuis plusieurs années.

"Depuis octobre 2022, One Voice a pu obtenir des dizaines de documents concernant la vie des primates exploités par ce laboratoire situé en Essonne, qui n’en finit pas d’enfreindre la loi depuis plus de dix ans", indique One Voice sur son site.

L'association donne notamment l'exemple de Bogey, un macaque mort en 2020 après avoir été mordu par un autre primate, la blessure s'étant ensuite aggravée. "Le personnel lui donne un antibiotique périmé, qui ne fonctionne pas", rapporte One Voice.

Il y a également eu le cas de Kimiko, une guenon "morte d'une infection développée pendant plusieurs mois dans son implant crânien", rapporte l'association.

"Dans les rapports d'inspection, la préfecture affirme qu'il y a eu négligence concernant Kimiko, affirme que des singes sont morts, et c'est inacceptable", dénonce Nicolas Marty, chargé de campagne sur l'expérimentation animale chez One Voice, invité ce lundi de BFM Paris Île-de-France.

L'association demande la fermeture du laboratoire

Au total, huit singes seraient morts en cinq ans en raison, entre autres, de blessures non soignées ou de défaut d'alimentation. L'association One Voice a déposé un recours devant le tribunal administratif de Versailles pour demander le retrait de l'agrément du laboratoire, rapportaient jeudi dernier nos confrères du Parisien.

Un agrément qui avait par ailleurs été restreint en 2021, après une inspection relevant des éléments alarmants, pour ne permettre au laboratoire d'expérimenter que sur des singes et des souris. L'agrément avait ensuite été rétabli au printemps 2022, sous conditions et pour une durée de six ans.

De son côté, OneVoice a lancé, en parallèle de son recours, une pétition pour demander "la fermeture de NeuroSpin et le sauvetage des animaux".

"Un tel laboratoire, qui a systématiquement enfreint la loi depuis plus de dix ans en faisant souffrir des animaux sans être inquiété, doit fermer. Avec One Voice, nous demandons la fermeture du laboratoire d’expérimentation animale de NeuroSpin", écrit l'association sur son site.

La pétition a pour le moment recueilli 15.236 signatures. Afin de lutter contre la maltraitance des animaux utilisé pour les expérimentations, l'association a également postulé en début d'année pour représenter les animaux au sein du Comité national de réflexion éthique sur l'expérimentation animale. Elle doit obtenir une réponse d'ici juillet 2024.

Laurène Rocheteau